Les enjeux des arts visuels ont parfois du mal à faire sens pour les élèves, qui ne sont pas toujours motivés par les activités que je leur propose. «Mais Monsieur, ça sert à quoi de faire ça?» Bonne question, à laquelle il vaut mieux être préparé.

 

 

L’art est partout, à tel point ancré dans nos vies quotidiennes qu’on ne s’en rend même plus compte. L’art est partout dans la classe, dans les tables et les chaises conçues par des designers, dans les manuels mis en page par des graphistes et illustrés par des dessinateurs, dans les vêtements dessinés par des stylistes, dans nos poches dans les vidéos et les jeux vidéos sur nos téléphones, dans le bâtiment conçu par des architectes, dans la vue par la fenêtre façonnée par des paysagistes et des urbanistes. Et justement, ces élèves qui râlent contre l’architecture austère de ce bâtiment flambant neuf, seraient-ils capables de faire mieux? Quelles propositions d’amélioration sont-ils en mesure de proposer? Peut-être que pour l’art fasse davantage sens, il faudrait qu’il sorte de la classe vers un but précis.

 

 

D’un autre côté, j’aurais tendance à défendre l’inutilité de l’art. Heureusement, l’école obligatoire n’est pas seulement là pour apprendre des savoirs-faire et des savoir-être professionnalisants. L’école doit rester un sanctuaire hors des logiques du marché de l’emploi, elle se doit de protéger les élèves contre la rentabilité à tout prix. L’art ne sert à rien à part à faire de nous des humains, des créatures sensibles plutôt que des machines productives. Quand on a demandé à Winston Churchill pourquoi il refusait de couper dans le budget des arts pour l’effort de guerre, il aurait répondu : «si ce n’est pour la culture, alors pourquoi nous battons-nous ?» Aujourd’hui la lutte continue.

 

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