Le temps file mais certaines choses persistent. Dragon Ball Z, les Pokémons et les vignettes Panini sont encore d’actualité. Je suis content de voir que je ne suis pas complétement largué par rapport aux élèves. Je comprends la plupart des expressions, je connais de près ou de loin la plupart des références. J’apprends petit à petit à connaître leurs goûts musicaux, cinématographiques, vestimentaires. Et je peux tenir une conversation sur le skate ou Harry Potter. C’est chouette d’avoir une culture commune. Et ça me semble important de valoriser les connaissances et les références culturelles des élèves. L’école n’a pas l’apanage des apprentissages. On peut apprendre la géographie grâce au foot ou à gérer un budget en jouant aux jeux vidéos.
J’ai un élève qui s’appelle K. Il ressemble un peu à Vegeta dans Dragon Ball Z: les sourcils froncés, il a l’air tout le temps fâché. Quand K arrive en classe d’arts visuels en fin de journée, il a l’air d’être déjà arrivé à saturation; il est prêt à exploser. Il me dit souvent qu’il a mal à la tête, qu’il n’arrive pas à travailler. Et puis il a tendance à se rebeller, à se promener, si bien que la plupart du temps il ne fait rien. Mais quand il se met enfin à dessiner, il parvient à se canaliser et il s’applique remarquablement bien. Je suis toujours sidéré par cette situation paradoxale où le trop plein d’énergie des élèves n’a d’égal que leur apathie généralisée. Et en même temps je comprends qu’ils soient blasés et simultanément prêts à exploser. Il y a parfois de l’électricité dans l’air, et je sens cette puissance de vivre qui traverse la jeunesse, cette intensité qui donne envie de crier kaméhaméha et de tout envoyer valser face à toutes les frustrations qu’on peut rencontrer quand l’on est pas encore un adulte ni vraiment encore un enfant.
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